Heure fantôme

Nous sommes encore une fois contraints de modifier nos montres et d'effacer de notre histoire une heure fantôme.

Image élaborée par Gemini

Chaque année, en ce début de onzème mais pas encore en novembre, je peste comme beaucoup d'entre vous à la perspective du changement d'heure que continue de nous imposer l'Union européenne, contre l'avis de son Parlement en 2019. Encore une fois nous allons être contraints à changer brusquement toutes nos habitudes horaires et à nous recaler tous, sans égard pour nos préoccupations et activités qui nous caractérisent. Que l'occasion me soit donnée ici de rappeler les bizarreries de cette mesure et les  propositions qui donneraient aux personnes et aux communautés la liberté d'adapter leurs activités aux changements saisonniers. 

Ceux qui préfèrent les vidéos à la lecture peuvent retrouver mes vidéos en cherchant "hémérologue" avec Google.

La 25e heure ou heure fantôme, prémice d'Halloween

Vous qui voyez déjà nombreuses citrouilles et sorcières apparaître dans les vitrines, rappelez-vous le zombie auquel vous n'échapperez pas ce week-end: l'heure fantôme, cette 25e heure subtilement postée à 2 heures dimanche matin. Vous direz qu'elle est en retard, l'heure du crime étant ordinairement signalée par douze coups. C'est oublier que, depuis 7 mois, nous cherchons minuit à deux heures, et c'est justement là que paraît ce fantôme. Sitôt passée, elle disparaît de toutes les mémoires, les pendules réitèrent leur affichage comme si vous n'aviez rien vécu. Le temps a suspendu son vol, il a consommé une heure non comptabilisable. Malheur à celui qui naît dans cette heure funeste ou y accomplit un acte mémorable, jamais il ne pourra réellement savoir ce qui se passait à ce moment, les horloges scélérates le ramèneront toujours une heure plus tard. L'horloge milésienne réglée au matin du dernier dimanche d'octobre, soit au 7e jour de la semaine 43, vous démontrera l'impossibilité de spécifier directement un instant de l'heure fantôme, sauf à dire : "Deux heures après minuit"... 

Finalement, comment la fête d'Halloween s'est-elle invitée dans le passage à l'heure d'hiver ? Nous avons expliqué ici les rites de Halloween, destinés à l'origine à exorciser la peur du noir.

Nous entrons dans la saison sombre, et en sortirons à la Saint-Valentin

Notre proposition de modulation horaire solaire constitue une variante douce au changement d'heure. Chacun peut changer ses habitudes horaires en cohérence avec ses activités, sans avoir à régler sa montre et sans jeter une heure aux oubliettes. Le dernier dimanche d'octobre, ou dernier dimanche avant la Toussaint, reste un jour pivot de mutation d'horaires. Il consacre l'entrée dans la saison sombre, constellée de fêtes de lumières, religieuses ou commerciales. Nous ne sortirons de cette saison sombre qu'avec la Saint Valentin, fête célébrant la reprise tangibles des instincts virils. 

Réformer le calendrier, un privilège de dictateur ?

En cette année de fortes secousses institutionnelles, je ne peux qu'appeler de mes voeux une dissolution du parlement français dans les prochains jours. Je crois en effet plus pertinente en saison sombre qu'en saison claire les élections politiques régulières. Moins sollicités qu'en été, plus fréquemment présents en leur lieu de vote, nos concitoyens seraient je pense plus à l'écoute des choix politiques, mobiliseraient plus leur jugement et se déplaceraient plus facilement jusqu'aux urnes.

Malheureusement je crains de n'être pas écouté pour ces propositions de réforme. Changer la définition des mois pour obtenir un calendrier régulier et en phase avec les saisons ? Remplacer le changement d'heure figé par des changements d'horaires individualisables ? Modifier le calendrier électoral ? Il se trouvera toujours quelque personne raisonnable pour dire que ces réformes seraient coûteuses pour un bénéfice trop faible à court terme. Les grandes réformes, comme celle du calendrier que promulga César en 45 avant notre ère, ne sont-elles donc possibles que par les dictateurs ?