Halloween et le changement d'heure
Cette année (2021), Halloween est tombée le jour même du changement d'heure. Alors qu'elle devrait marquer les changements rituels d'habitudes quotidiennes pour préparer les jours les plus courts, cette date n'est que l'occasion de mises en scène futiles. Saurons-nous retrouver le sens profond de ce rite de lumière pour vibrer à nouveau au rythme des saisons ?
Une vaine mascarade
Ce samedi 30 octobre, la mairie d'une petite ville normande proposait aux enfants un défilé de déguisements Halloween dans la rue principale. Débonnaires, les commerçants distribuaient des bonbons aux gentils fantômes et aux mignonnes sorcières. Tout fut fini dès 18 h 30, alors que le tendre soleil de l'été indien inondait la rue de ses derniers rayons. Les enfants furent ravis de cet intermède rigolo qui meublait leurs vacances. Les adultes furent contents à la perspective d'un dimanche de 25 heures suivi d'un jour férié. Les irréductibles chrétiens opposaient indifférence voire hostilité à cette mode commerciale et païenne, qui défigure le contenu spirituel de la Toussaint et du jour des Morts. Bref, personne ne comprit l'essence de cette mascarade.
Une coutume utile mais dévoyée
Pourtant, pour les adultes qui reprennent leurs activité dès mardi 2 novembre, des changements importants ont déjà lieu. Certes ceux qui travaillent dans des locaux fermés ne voient pas de différence. L'éclairage électrique leur procure toujours la même lumière. A peine sont-ils conscients de devoir allumer les feux de croisement quand ils reprennent leur voiture le soir. Mais nombre d'autres métiers sont impactés. Ce n'est plus le soir, mais le matin que les professionnels du bâtiment prennent les mesures pour établir leurs devis. Les activités touristiques et sportives en plein air sont désormais fermées une à deux heures plus tôt. A Paris, la fermeture des parcs et jardins est avancée d'une heure quarante-cinq minutes. Et désormais les enfants verront arriver les ténèbres alors qu'il n'est pas encore l'heure d'aller se coucher. Cette chute de la lumière diurne perturbera ceux qui sont le plus à l'écoute de la nature. C'est cette légitime peur de voir disparaître le jour que doit exorciser le rite d'Halloween. Pour l'accomplir, les enfants doivent endosser les marques de personnages imaginaires et ténébreux, symboles de la mort dont ils ont une peur instinctive. Ils doivent affronter la rue sombre, visiter les maisons étrangères, oser imiter ces personnages dont ils ont peur, et finalement en être récompensés par des friandises. A la manière d'un conte de fées, ce rite est une étape vers la maturité. Faire déambuler des enfants l'après-midi, transformer une aventure individuelle vécue à plusieurs en un simple concours du déguisement le plus affreux, c'est dévoyer une coutume à laquelle nos lointains ancêtres celtiques avaient donné un sens utile et profond (voir notre article de 2019).
La saison sombre, écrin des fêtes de lumière
Selon la modulation horaire solaire que nous proposons, ce dimanche 31 octobre ouvre la saison sombre, période de 16 semaines pendant laquelle les jours resteront courts. Les religions traditionnelles sensibles aux saisons et les coutumes modernes émaillent cette période de fêtes de lumière, destinées à nous consoler et à nous aider à attendre le retour de jours longs. C'est bien sûr Noël, adaptation chrétienne de la fête du solstice d'hiver. C'est Hanoucca, fête des lumières de la tradition juive. C'est aussi le Black Friday, jour où la conjonction des cycles hebdomadaire, festif et solaire conduisent à l'indice de déprime maximum. La perception de la sortie du tunnel est manifestée par la chandeleur, avec ses bougies et ses crêpes. Selon le référentiel de la modulation horaire solaire, la saison sombre s'achève le dimanche qui suit la Saint-Valentin. Cette fête, bien peu chrétienne en vérité, marque le retour de la pulsion de vie, manifestée par des pratiques sociales évoquant l'attirance sexuelle.
Ponctuer les changements de saisons de lumière
Puisqu'un jour prochain nous devrons nous passer de changement d'heure saisonnier en Europe, il faudra bien prendre conscience de ces étapes qui nécessitent des adaptations d'horaires. Le but de la modulation horaire solaire est de poser un cadre favorable. Des pratiques festives pourront favoriser des changements d'habitudes sociales à dates fixes, toujours un dimanche pour éviter des changements trop brusques.
Le rôle pédagogique de l'Education nationale
Il sera notamment nécessaire que l'Education nationale, principal pourvoyeur de rythmes calendaires, modifie les horaires scolaires lors de certains changements de saison de lumière. Pour Halloween et la Saint-Valentin, la solution est assez simple dans la mesure où ces étapes tombent pendant des vacances scolaires. Les modifications de rythme horaire scolaire auront un effet d'entraînement certain sur les autres activités sportives et culturelles destinées aux jeunes, et ainsi sur l'ensemble de l'économie.
Cette prise de conscience est-elle possible dans notre monde obnubilé par la technicité et l'efficacité ? Nécessitera-t-elle une intervention dictatoriale, balayant les discussions picrocholines dont l'administration européenne a le secret ?
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