Halloween: ces monstres qui nous viennent des Celtes
Halloween, veille de Toussaint, tombe le jour du jugement dernier. Cette tradition anglo-saxonne, en passe de s'imposer au monde entier, nous vient des Celtes. Le sens profond est l'entrée dans la saison sombre. Visite guidée.
Sortez, montres, pénétrez chez les braves gens, exigez des bonbons ou jetez un sort ! A la tombée de la nuit, qui brusquement arrive plus tôt puisque le changement d'heure a lieu moins d'une semaine avant et parfois le jour-même, les gamins encitrouillés envahissent les rues et sonnent aux portes pour réclamer leur dû. "Trick or treat", un bonbon ou un sort. A l'aide de ces mots et gestes, les enfants apprennent à surmonter leur peur des ténèbres, en cette période où désormais la nuit tombe alors qu'ils ne sont pas encore couchés. Cette coutume bien attestée en Irlande et en Ecosse est en passe de s'imposer au monde entier, avec la complicité des marchands trop heureux de proposer friandises et déguisements.
"Halloween" serait une contraction de "All Hallow's Eve", veille de Toussaint. Cette fête serait-elle un appendice anglo-saxon de la chrétienne fête de la Toussaint? C'est probablement plus compliqué que cela. La fête de la Toussaint est elle-même apparue dans le monde celte en cours de christianisation, vers le 8e siècle. Les Milésiens auront remarqué que la date choisie, le 11 onzème, est très proche du milieu de l'automne, 15 onzème. Cette date correspond à Samain, le début de l'année selon le calendrier celtique, et aussi l'entrée dans la "saison sombre". Le second jalon celtique était Beltaine, au milieu du printemps, entrée dans la saison claire, à la mi-quintème (début mai). Les deux autres jalons, moins connus, étaient Imbolc vers mi-secondème (début février) et Lugnasad vers mi-octème (début août). Observez que ces dates pivots correspondent aux milieux de nos saisons traditionnelles.
La mythologie des anciens Celtes suggère que la fête religieuse de Samain est celle de la relation avec "l'Autre monde", celui des dieux. Il paraît probable que les chrétiens du monde celte ont remployé cette fête en célébration de la communauté des saints, ces hommes de ce monde ayant rejoint le bon côté de l'autre monde. Les chrétiens avaient déjà remployé la fête du sol invictus, solstice d'hiver marquant la renaissance du soleil, pour en faire Noël. Les rites de monstres et de citrouilles, non acceptés par la chrétienté, auraient été reportés à la veille de la fête institutionnalisée de Toussaint, donnant naissance au nom Halloween. En définitive il s'agit d'une renaissance anglo-saxonne du Samain celtique. Ce qui est sûr, c'est que de nombreuses traditions culturelles font état du lien entre Halloween et l'antique Samain, et particulièrement les promoteurs de la nation irlandaise à la fin du 19e siècle, comme Oscar Wilde (voir l'article Samain sur Wikipedia).
Les Milésiens auront noté que cette fête de l'ouverture furtive de "l'Autre monde" tombe systématiquement un clavedi, c'est-à-dire un doomsday en anglais: jeudi en 2019, samedi en 2020, dimanche en 2021 etc. Doomsday, c'est le "jour du jugement dernier", le grand passage de ce monde à l'autre.
Une date décidément bien choisie. Au point que les Milésiens en font désormais une date de référence de leur modulation horaire solaire. Ce système propose de remplacer le changement d'heure par un système de dates clés où chaque acteur économique pourrait modifier ses horaires d'activités pour les adapter à la durée diurne. Précisément, le dimanche tombant le 31 octobre ou immédiatement avant marque l'entrée dans la saisons sombre, celle pendant laquelle les jours ne durent guère plus de huit heures dans les régions tempérées. Ce n'est pas par hasard que ce même dimanche a été choisi comme date de changement d'heure saisonnière.
Même si nous n'avons plus peur des sorcières et citrouilles, et même si nous pouvons espérer ne plus subir le changement d'heure dans les prochaines années, faisons de ce dimanche un jour de rite d'entrée apaisée dans la saison sombre.
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