Prémices du printemps
Canasei, les Lupercales, musée du Prado (Madrid). |
D'où vient la fête de Saint-Valentin ?
Comme de nombreuses fêtes chrétiennes, la Saint-Valentin est le recyclage d'une fête païenne antérieure au christianisme. Les Lupercales étaient fêtées à Rome du 13 au 15 février, c'est-à-dire à la dernière pleine lune de l'année romaine. L'on y célébrait le dieu Faunus, le faune par excellence, mâle emblème de la fécondité animale. Dans la grotte de Lupercal où, disait-on, la louve avait allaité Romulus et Rémus, les luperques sacrifiaient un bouc et en récupéraient la peau. Ils en tiraient des pagnes et des lanières dont ils faisaient des fouets. De jeunes hommes vêtus de ces pagnes couraient dans Rome, fouettant toutes les femmes qu'ils rencontraient, en vue de les rendre fécondes.
Sous une forme probablement atténuée mais encore très suggestive, la fête a survécu à la christianisation de Rome. En 495, le pape Gélase Ier interdit aux Romains les manifestations les plus animales, et substitua à cette fête la commémoration d'un prêtre romain, Valentin, martyrisé deux siècles plus tôt. On dit que Valentin célébrait secrètement des mariages, alors que l'empereur l'avait interdit. C'est ainsi qu'il devint le saint patron des fiancés.
Ce n'est qu'à partir du 19e siècle que les entreprises commerciales ont tiré parti de cette fête, avec des offres destinées aux fiancés. D'abord des cartes permettant aux amoureux de déclarer leur flamme, et maintenant des produits nettement plus suggestifs. Un retour aux sources, en quelque sorte.
Le rôle de la saison
Retenons le sens profond de cette fête. A cette période de l'année où l'allongement des jours commence enfin à être sensible, la pulsion de vie renaît. La fête servait de rite purificateur et initiatique pour les adolescents ayant acquis la capacité procréative. Le même symbole se retrouve dans la fête celtique de Imbolc, qui tombe elle aussi à la même époque.
Le phénomène saisonnier qui justifie cette célébration de puissance virile est la fin de la saison sombre, dans laquelle nous sommes entrés avec Halloween alias Samain. Deux mois après le solstice, nous avons gagné la moitié de la durée diurne que nous avions perdue depuis l'équinoxe. A Paris, le jour dure désormais 10 heures, pour seulement 8 le jour du solstice. Et il ne faut plus qu'un seul mois pour atteindre les 12 heures de l'équinoxe. Dans le langage de la modulation horaire solaire, nous entrons dans le premier printemps. La Saint-Valentin en forme les prémices. Nous sommes dans une situation symétrique d'Halloween, date de notre dernier changement d'heure, où nous entrions dans la saison sombre.
Un dimanche pour changer nos habitudes
Dans notre proposition de modulation horaire, la sortie de la saison sombre doit se faire le dimanche qui suit la Saint-Valentin. En 2022, c'est dimanche 20 février ou 1er tertème. Nous pourrions décider de gagner un peu de lumière en nous levant plus tôt. Par exemple, les écoles pourraient décréter qu'à partir de lundi 21 février, les enfants devraient arriver une demi-heure ou une heure plus tôt. C'est d'autant plus simple que tous les élèves sont en vacances, et ont donc quinze jours pour changer cette habitude matinale. Et nous retrouverions ainsi notre rythme quotidien d'avant le 31 octobre.
Le changement d'heure de mars est plus perturbant
Mais, parce que nous sommes encore soumis au changement d'heure, nous allons devoir attendre le prochain dimanche de fin mars. En 2022 ce sera le 27 mars. C'est d'ailleurs à cette même date, dimanche 27 mars, que la modulation horaire solaire prévoit le passage du premier au deuxième printemps, et de nouveaux changements d'habitudes horaires. Cette date est bien moins agréable pour les élèves, qui n'ont que le dimanche pour s'habituer à se lever plus tôt. La contrainte du changement d'heure, dont la commission européenne n'arrive pas à nous libérer malgré le vote des députés, rend plus complexes les adaptations des habitudes horaires qui pourraient être décidées localement, pays par pays voire région par région.
Quand nos gouvernants nous restitueront-ils l'heure uniforme, quand nous donneront-ils un cadre pertinent pour moduler nos horaires ?
Commentaires
Enregistrer un commentaire