de Black Friday à Black Monday


Les initiatives publicitaires récentes démontrent que les professionnels du marketing grand public connaissent les dates clés du calendrier milésien, même s'ils n'en sont pas conscients !

Que celui qui n'a pas entendu parler de Black Friday m'alerte ! Selon un article de Libération, 91% des consommateurs français ont été imprégnés de cette opération de promotion commerciale cette année. Le Black Friday, c'est le premier vendredi après l'entrée en douzème, soit le 23 novembre. Nous entrons dans la période la plus sombre de l'année solaire: environ 9 heures de clarté chaque jour, avec un soleil le plus souvent masqué par les intempéries. Et la durée de jour continue de décroître. 

Dans deux mois, après avoir franchi le solstice d'hiver, nous retrouverons des jours de même durée, cette fois en croissance. Ce sera la période du Black Monday, ce jour où paraît-il notre déprime est maximale en raison de la durée des nuits et de l'éloignement des fêtes de fin d'année. L'horloge milésienne présentera une figure symétrique par rapport à aujourd'hui. 

Il faut croire que nos professionnels du marketing grand public ont le calendrier milésien dans la tête. C'est pourquoi ils positionnent le Black Friday de manière symétrique par rapport au Black Monday. Et invitent tous les déprimés à dépenser leur pécule sur leurs offres, devançant les achats de Noël.

Nos Anciens, pleins de sagesse, fixaient au solstice d'hiver ce moment d'exutoire au désespoir. L'ancêtre de la fête de Noël est, comme vous le savez tous, la célébration de la naissance (Natalis) de la divinité solaire Mithra. Quelle meilleure date que celle du solstice d'hiver, moment où le jour va commencer à croître. C'est au cours du 3e siècle que l'empereur Aurélien fixe cette date au 25 décembre, s'appuyant sur la tradition de l'époque qui elle-même s'appuyait sur les calculs de Sosigène, l'astronome qui a défini le calendrier julien en 46 av. J.-C. Pour Sosigène, le solstice d'hiver tombait le 25 décembre. En réalité, déjà à cette époque le solstice d'hiver tombait le 23 décembre selon les calculs de l'IMCCE. Trois siècles plus tard, à l'époque d'Aurélien, il tombait le 21 ou le 20 décembre. Presque comme actuellement, me direz-vous. C'est qu'en effet la réforme grégorienne a consisté à recaler le calendrier sur les saisons tel qu'il était aux 3e et 4e siècles, pour retrouver une définition rationnelle de la date de Pâques. 

C'est ainsi que notre calendrier est définitivement déphasé par rapport aux saisons. C'est le seul calendrier solaire dans ce cas. Ce 1 douzème (21 novembre), les calendriers indiens et persans affichent respectivement 30 kārtik et 30 âbân, et passent respectivement au 1 mārgashīrsha et au 1 âzar dès le 2 douzème. Cette différence s'explique ainsi: les calendriers indien et persan cherchent à rendre compte de la différence de durée entre les saisons en définissant une première série de six mois de 31 jours, puis une série de six mois de 30 jours (avec une petite nuance entre les deux). Le calendrier milésien, lui, divise l'année en bimestres tous réguliers, de 61 jours chacun. C'est la même démarche que la division de la journée en 24 heures, ignorant la petite oscillation du midi vrai autour du midi moyen. 

Bref, prévoyez dans vos emplettes de vous munir du calendrier milésien. Je ne vous ferai pas de ristourne, mais il faut dire que ce n'est pas très cher. J'espère ainsi ne pas augmenter la pollution de la planète.

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