Comment calculer la date de Pâques

Tous les chrétiens fêtent Pâques le même jour cette année 2017, dimanche 26 quartème, quelques jours après le début de la fête juive de Pessah le 21 quartème. Comment calcule-t-on les dates de Pâques ? Pourquoi sont-elles parfois le même jour, parfois à une voire plusieurs semaines d'écart entre chrétiens d'Occident et ceux d'Orient ?

Pour la plupart des gens, la détermination de la date de Pâques paraît relever d'un savoir occulte voire magique. A l'heure actuelle, cette question divise encore le monde chrétien. Les Orthodoxes fêtent Pâques le plus souvent après les autres confessions chrétiennes. Mais alors que Noël orthodoxe est à une date tardive, mais fixe, la date de Pâques semble obéir à de curieux caprices. Il se trouve que cette année 2017, tous les chrétiens fêteront Pâques le même jour, et quelques jours seulement après la fête de Pessah. Comment expliquer et anticiper cela ? Les Milésiens, qui veulent vous redonner la maîtrise du temps des saisons, se devaient de vous éclairer et de vous permettre de mieux anticiper les prochaines fêtes. Certes, tout est expliqué dans L'Heure milésienne. Mais tout le monde ne peut s'offrir ce riche ouvrage, aussi avons-nous décidé de vous dévoiler les aspects essentiels.

La Pâque chrétienne est définie d'après le récit de la passion de Jésus-Christ. Il a été crucifié un vendredi, veille du début de la fête de Pessah. Cette fête est célébrée à partir du 14 Nisan, c'est à dire du quatorzième jour du mois lunaire de printemps du calendrier hébraïque. Les juifs se remémorent l'Exode et le passage de la mer Rouge à pieds secs. Il est très vraisemblable que cette fameuse traversée s'est produite à l'occasion d'une marée d'équinoxe, particulièrement forte, donc en effet à la pleine lune. Bien qu'ayant adopté le calendrier solaire de Jules César, les chrétiens ont voulu rappeler le caractère lunaire de cette commémoration. C'est en 325 que les Pères de l'Eglise promulguèrent la règle toujours en vigueur: Pâques est le dimanche qui suit la pleine lune arrivant le 21 mars ou immédiatement après. 

Les Milésiens, qui ont appris à calculer la lune mois par mois et savent que le 21 mars correspond au 30e et dernier jour de tertème, lequel tombe toujours un clavedi (ou dies illa) de l'année, ont tout pour calculer la Pâque grégorienne dans la plupart des situations. L'astuce consiste à ôter à 12,5 l'épacte milésienne de l'année, ou de manière équivalente à ajouter à 12,5 le reliquat de nouvelle lune annuelle. Cette année, comme indiqué en page d'accueil du site calendriermilesien.org, le reliquat annuel est 8,5, on l'ajoute à 12,5 pour obtenir une estimation du reliquat de pleine lune pascale, soit 21: la pleine lune pascale a lieu vers le 21 quartème. Il se trouve que ce 21 quartème est justement le fameux 14 Nisan du calendrier hébraïque cette année, mais cela ne marche pas tous les ans: Nisan peut tomber un mois lunaire plus tard, comme en 2016. Cette pleine lune pascale tombe un 21 quartème, une date pivot comme le "0 4m" ou 30 3m, donc un clavedi, cette année un mardi (voir la page Semaines pour explicitation de ces notions). La Pâque du calendrier grégorien sera le dimanche suivant, donc le 26.

Cette méthode n'est pas infaillible. Si la pleine lune ainsi calculée tombe le 30 tertème ou 21 mars, si elle tombe un samedi ou un dimanche, un jour d'erreur peut changer complètement le résultat du calcul. Il en était de même aux premiers temps de l'Eglise, et cette belle définition ne conduisait pas toujours à fêter Pâques le même jours dans tous les diocèses. C'est pourquoi le Vatican a fixé au 5e siècle une méthode algorithmique, appelée comput ecclésiastique, dont le mérite est de donner un résultat sans ambiguïté pour chaque année. 

Malheureusement, la règle de 325 et le comput ecclésiastique s'appuyaient sur le calendrier julien, déficient à cause de sa dérive de 3 jours tous les 4 siècles par rapport aux saisons. En 1582, la réforme grégorienne remettait le calendrier en phase avec la situation de 325, et affinait le comput avec des règles de calcul valables pour plusieurs millénaires. Toutefois, les Eglises orthodoxes et l'Eglise copte refusèrent cette réforme. Elles s'appuient toujours sur le comput du calendrier julien, et continuent d'utiliser ce calendrier décalé désormais de 13 jours. Voilà pourquoi, ne partant pas de la même base et n'utilisant pas les mêmes règles, les Eglises d'Orient ont peu de chances de tomber sur la même date que celle de Rome. Cela arrive encore parfois, mais ce sera de plus en plus rare.

La page Pâques explique en détail le comput, pour lequel nous proposons une méthode aussi simple et courte que possible. Sur le plan pratique, le calculateur des données annuelles vous permet d'observer les calculs détaillés et de comparer les résultats entre Orthodoxes et Chrétiens d'Occident. Il vous permet d'apprécier l'effet de la proposition milésienne de réforme, dont les effets ne se manifesteraient qu'en 2400. Et encore, la date de Pâques ne serait modifiée qu'en 2410. Par ailleurs, ce calculateur démontre que la Pâques julienne va se produire de plus en plus tard dans l'année.

Certes nous ne serons plus de ce monde pour voir tout cela. Puissent toutefois ces pages et ces outils nous aider à mieux comprendre la ténébreuse question de la date de Pâques, voire à la maîtriser.

Joyeuses Pâques à tous!

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