Le Bureau des Longitudes laisse-t-il passer l'occasion ?

Le bâtiment principal de l'observatoire de Paris

Le Bureau des Longitudes, académie d'experts qui oriente les travaux scientifiques relatifs à la connaissance du temps et de l'espace, s'est intéressé au calendrier milésien. Mais il reste méfiant à l'égard d'une réforme.

Le Bureau des Longitudes a sollicité d'un astronome spécialiste des calendriers à l'Observatoire de Paris un avis sur l'ouvrage "L'Heure milésienne". Tout en reconnaissant la qualité de calendrier solaire moyen au calendrier milésien, le rapporteur doute qu'une réforme puisse aboutir (voir restitution de l'avis). Le Bureau des Longitudes a-t-il raté une occasion historique ? A l'époque troublée de sa création, en Messidor an III, il était chargé d'améliorer l'estimation des longitudes en mer. Aujourd'hui, le collège participe à l'amélioration des systèmes de repères de temps et d'espace, ce qui nous permet notamment d'avoir sur nos portables des services de localisation (GPS) d'une précision de l'ordre du mètre. Améliorer le référentiel de temps de l'ensemble de la population n'entre-t-il pas dans ses prérogatives?

La question du calendrier sent le soufre depuis les efforts avortés des 19e et 20e siècles. Il était question de changer le calendrier afin de le simplifier. Le mauvais objectif poursuivi était de rendre le calendrier uniforme tous les ans: chaque date devait tomber le même jour de semaine. Plusieurs solutions ont été proposées, toutes nécessitaient de casser la semaine, en ajoutant un jour "épagomène" chaque année commune, et un second jour épagomène pour les années bissextiles. L'astronome Paul Couderc (1899-1981), partisan de cette réforme, a compris qu'elle ne serait pas possible dès le moment où il fut nommé à une commission qui devait la préparer. D'une part parce qu'il est illusoire d'obtenir de l'ensemble des nations la rupture du rythme hebdomadaire, qui fait aujourd'hui consensus, d'autre part parce que les variations d'une année à l'autre sont en réalité souhaitables, et même utiles par exemple pour aider à retrouver l'année exacte de certains événements, dont seuls la date et le jour de semaine sont précisément connus.

Pourtant les évolutions du calendrier sont encore possibles. C'est ainsi qu'un simple travail de normalisation industrielle a permis l'émergence du calendrier en semaines ISO. Ce calendrier est utilisé dans les entreprises pour planifier les travaux sur l'année et comparer les activités saisonnières d'une année à l'autre. L'année compte 52 semaines, ou certaines années 53. Les normalisateurs n'ont pas cherché à casser un cycle existant, mais au contraire à en rendre compte. Ce calendrier coexiste avec le calendrier grégorien, mais n'est explicitement utilisé que dans les domaines où il est plus pertinent.

Le calendrier milésien s'inscrit dans la même démarche: il s'agit de découper l'année des saisons en douze parties presqu'égales, pour mieux suivre les phénomènes liés aux saisons. La légère imprécision liée à l'obligation d'intercaler un jour environ tous les deux mois et tous les quatre ans n'empêche pas d'apprécier les cycles saisonniers. Par ailleurs la régularité du découpage permet de raccorder ce calendrier au rythme des semaines et à celui de la lune, ce que ne permet pas le calendrier grégorien, ou du moins ne le permet-il qu'au prix de calculs fastidieux. Le découpage régulier et en phase avec le cycle général des saisons permet de mieux comprendre les phénomènes climatiques, n'est-ce pas un enjeu important aujourd'hui?

Le Bureau des Longitudes est peut-être en train de rater une occasion, certains de ses membres le pressentent. Et pendant ce temps, l'Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides (IMCCE) délaisse certains services à la population. Un signe: le site Internet de l'IMCCE mis en ligne en novembre 2017 ne comprend plus les applications de conversion de calendrier destinées au grand public. Elles ont été remplacées par d'anciennes applications, à vocation purement pédagogique, dont le maniement est complexe et les résultats parfois erratiques voire faux.

Rassurez-vous, je vous propose - gratuitement pour l'instant - un convertisseur de calendriers en ligne, robuste et fiable, plus simple que l'horloge milésienne. Et d'autres outils pour les tableurs Excel, LibreOffice, Google Sheets pour calculer sans erreurs les dates, fêtes etc. Ceci en attendant que l'institution financée par nos impôts rétablisse, pour un investissement très raisonnable, un intéressant service au public. J'espère entre-temps que le public appréciera l'initiative du calendrier milésien, en tant qu'outil simple pour mieux maîtriser le temps des saisons. N'hésitez pas à le faire savoir en partageant notre site, ou via notre page Facebook, notre communauté Google+, ou en commentant cet article.

Joyeuses fêtes de Pâques, fêtées pratiquement conjointement entre les juifs et les chrétiens du calendrier grégorien, comme le savent bien les Milésiens. Les orthodoxes qui suivent au calendrier julien fêteront Pâques dimanche prochain, ce sera pour eux le 23 mars.

Commentaires

  1. Excellent article. Le problème que craint notre bureau des longitudes c'est l'Europe. Il faudrait que ça passe pour toute l'Europe. Ils ont déjà du mal à prendre l'Euro...Bon tu imagines? ...Mais je crois pourtant que cela finira par se faire jusque parce que c'est plus cohé
    rent avec la vie Quotidienne. Sabine SS

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